Non à l’École du choc !

Le choc des savoirs. En voilà une formule d’accroche pour une belle campagne politique. Car il s’agit bien de cela pour l’ambitieux ministre Attal. Une belle campagne politique pour se draper dans l’habit désormais à la mode, celui de l’homme politique qui se construit sur la fermeté dans une situation de crise. Les mots ont un sens et la notion de choc renvoie à des doctrines politiques ou économiques (on peut penser au Chili et aux recettes de l’école de Chicago, la stratégie du choc qu’a expliquée Naomi Klein). Le plan est tout tracé : la France s’enfonce dans le classement Pisa, les jeunes sont, en particulier dans les quartiers populaires, en voie d’ensauvagement (imaginons si le terme avait été prononcé par l’extrême droite il y a 20 ans), il faut donc appliquer des mesures drastiques pour redresser la situation. C’est donc les groupes de niveau et les redoublements qui font leur retour bien que leur impact sur le niveau scolaire ne soit pas reconnu. Cela sera encore et toujours le retour aux fondamentaux comme c’était déjà le cas avec Fillon et son socle commun il y a plus de 20 ans. Chaque ministre veut imprimer sa marque en faisant du neuf avec du vieux.

Dans cette recette nauséabonde qui sent la vision passéiste d’une école fantasmée avec des uniformes et des porte-plumes, c’est surtout la négation de l’impact des inégalités sociales qui est en creux. Ce seront étrangement les élèves des quartiers populaires qui seront dans les groupes de niveaux les plus faibles accentuant la reproduction sociale. Accepter cette vision, c’est accepter que notre mission au sein du service public de l’éducation n’est pas de permettre à toutes et tous de réussir mais bien de sélectionner les élèves de plus en plus tôt.

L’offensive contre la voie pro s’inscrit dans cette vision globale. C’est toujours moins d’heures d’enseignement et des élèves toujours plus au service des entreprises. La réussite de la grève du 12 décembre illustre le fait que les collègues ne se résignent pas et que le gouvernement peut et doit encore reculer comme c’était le cas déjà l’an dernier.

Il reste que le contexte global est tendu. Les bombardements de l’armée israélienne sur Gaza sont d’une violence inouïe et favorisent des tensions majeures à l’internationale. La CGT prend toute sa place dans les manifestations contre les victimes civiles, en soutien au peuple palestinien et pour un cessez le feu immédiat. Dans le même temps, notre organisation est la cible de la répression politique du gouvernement et de sa police. Ce sont nos militant.e.s qui sont poursuivi.e.s comme la co-secrétaire de l’UD 95.

Pourtant, et particulièrement dans ce contexte, il nous semble impératif de rester mobilisé.e.s et d’augmenter le rapport de force. Cela passe par la construction d’une riposte majeure au sein de l’éducation le 1er février prochain

Mathieu Moreau
Co-secrétaire académique

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