Déclaration liminaire de la CGT Éduc’action Versailles
Le choc des savoirs. En voilà une formule d’accroche pour une belle campagne politique. Car il s’agit bien de cela pour l’ambitieux ministre Attal. Une belle campagne politique pour se draper dans l’habit désormais à la mode, celui de l’homme politique qui se construit sur la fermeté dans une situation de crise. Les mots ont un sens et la notion de choc renvoie à des doctrines politiques ou économiques (on peut penser au Chili et aux recettes de l’école de Chicago, la stratégie du choc qu’a expliquée Naomi Klein). Le plan est tout tracé : la France s’enfonce dans le classement Pisa, les jeunes sont, en particulier dans les quartiers populaires, en voie d’ensauvagement (imaginons si le terme avait été prononcé par l’extrême droite il y a 20 ans), il faut donc appliquer des mesures drastiques pour redresser la situation.
C’est donc les groupes de niveau et les redoublements qui feront leur retour bien que leur impact sur le niveau scolaire ne soient pas reconnus. Cela sera encore et toujours le retour aux fondamentaux comme c’était déjà le cas avec Fillon et son socle commun il y a plus de 20 ans. Chaque ministre veut imprimer sa marque en faisant du neuf avec du vieux. Dans cette recette nauséabonde qui sent la vision passéiste d’une école fantasmée avec des uniformes et des porte-plumes, c’est surtout la négation de l’impact des inégalités sociales qui est en creux. Ce seront étrangement les élèves des quartiers populaires qui seront dans les groupes de niveaux les plus faibles accentuant la reproduction sociale. Accepter cette vision, c’est accepter que notre mission au sein du service public de l’éducation n’est pas de permettre à toutes et tous de réussir mais bien de sélectionner les élèves de plus en plus tôt.
À l’appel d’une intersyndicale unitaire, les personnels des lycées professionnels étaient appelés nationalement à la grève le 12 décembre pour s’opposer à la réforme Macron. Plus de 2500 collègues se sont retrouvé·es au sein de la manifestation parisienne, soit 1 PLP sur 5 en Ile de France. Cela représente l’ampleur de la mobilisation. La manifestation dynamique a marqué notre rejet du projet de casse de la voie professionnelle sous statut scolaire et notre opposition à une nouvelle baisse des heures d’enseignement, en contradiction totale avec l’exigence d’une formation de qualité pour les élèves. Nous nous opposons à la vision dogmatique de l’exécutif qui voit dans l’entreprise le meilleur lieu de formation dans une logique libérale de l’employabilité immédiate.
Notre mobilisation massive à partir du 18 octobre 2022 avait permis de faire reculer le gouvernement sur l’allongement de la durée de stage. Il est indispensable d’inscrire la lutte contre la casse des lycées professionnels dans une riposte d’ampleur au sein de l’éducation contre l’offensive réactionnaire que représente l’École selon Attal. La mobilisation continue et elle va s’amplifier !
Concernant la tenue du CSA A de ce jour, nous tenons à relever un point important relatif à la qualité du dialogue social au sein de notre académie. Sans tomber dans une forme de démagogie, nous ne sommes pas ministre de l’éducation et nous avons parfaitement conscience de la charge de travail des personnels du rectorat, nous devons préciser qu’il nous est particulièrement difficile de mener un travail d’analyse fin et pertinent lorsque nous recevons les documents dans un délai aussi court.
Nous avons ainsi reçu les documents relatifs aux prévisions d’effectifs pour l’année prochaine à 19 heures vendredi soir. Or, ce point qui préfigure celui sur les grandes masses et les enjeux autour de la constitution des effectifs dans les écoles et les établissements est particulièrement crucial et nécessite d’en avoir une vision la plus juste possible. Nous avions pu constater des erreurs importantes notamment pour le 92 l’an passé ayant eu pour conséquence, notamment, le manque de plusieurs centaines d’heures dans les établissements du second degré. Si l’on souhaite avoir un dialogue utile et constructif, il est fondamental que nous puissions avoir des remontées de nos syndicats et de nos sections afin d’apporter une vision précise des points mis à l’ordre du jour comme ce fut le cas dans une certaine mesure avec la carte des formations.
Nous connaissons les contingences d’agenda, le manque de temps et la charge de travail qui pèsent sur les services du Rectorat, il reste que cela interroge sur les choix qui sont faits quant au contenu du CSA A. Notre ministère est pris depuis plusieurs années par une frénésie de pseudo réforme au gré des ambitions politiques de nos ministres. Nous devons répondre à tous les niveaux à une multiplication de commandes qui fait perdre le sens même de notre travail. Cette précipitation au sein de notre instance se traduit dans les différents niveaux de notre service public d’éducation et reflète sa dégradation où l’affichage de chiffres plus ou moins juste masque les carences profondes de l’Éducation. Il est grand temps de sortir du choc des mots pour revenir à une dimension humaine à hauteur de l’élèves et des personnels pour construire une École qui réponde aux défis majeurs. Revenir à la notion même de réforme : celle d’une transformation dans le but d’améliorer la situation des personnels et des élèves.
Nous en sommes bien loin aujourd’hui.