Grèves et mobilisations réussies…

Amélie Oudéa-Castéra ne sera pas restée longtemps à la tête du ministère de l’Éducation nationale mais elle aura beaucoup fait pour la grève. Un tel mépris pour le service public d’éducation et ses personnels ne s’était pas vu, au moins, depuis les vacances de Blanquer à Ibiza. Cela a logiquement attisé une colère rampante qui s’est exprimée avec force le 1er février par la grève et les manifestations : autour de 50% de grévistes, plus de 10 000 manifestant·es à Paris avec un cortège CGT très dynamique et fourni… Mais les raisons de cette colère sont bien plus profondes que les propos et les casseroles de l’éphémère ministre de l’Éducation nationale. Elles viennent déjà d’un mouvement de fond de dégradation continue des salaires, des conditions de travail et du sens du travail. Pour inverser cette tendance, il faut y mettre les moyens, ce qui n’est fait actuellement que pour mettre en œuvre les priorités présidentielles et gouvernementales : Pacte, Service National Universel, uniforme…  

  Plus que de simples lubies, elles dessinent les contours de l’École voulue par Macron, bras armé du « réarmement civique » qu’il entend mener. Vision d’un passé fantasmé, cette École où les jeunes doivent avant tout apprendre à obéir et à servir la Nation est aux antipodes de ce que porte la CGT Éduc’action. Ce projet réactionnaire est, du reste, cohérent avec les dernières réformes annoncées ou déjà mises en œuvre qui expliquent en grande partie, elles aussi, la colère des personnels. Celle-ci est particulièrement dirigée, en collège, contre les groupes de niveaux, cette mesure stigmatisante, ségrégative et inefficace, qui doit en plus être financée en prenant sur les autres dispositifs (dédoublements, options, etc.).

  Mais le « choc des savoirs » ne s’arrête pas là : perte de liberté pédagogique dans le 1er degré, transformation du DNB en examen d’entrée en seconde… Le ministère y intègre également la nouvelle réforme de la voie pro, ce qui est assez ironique au vu de la perte d’heures de cours qu’elle induit. Dans les LP, la journée de grève du 1er février, avec rassemblement le matin devant le MEDEF, était une nouvelle étape dans la lutte contre cette réforme après la grève du 12 décembre.

L’éviction d’Oudéa-Castera n’est certainement pas étrangère à la forte mobilisation du 1er février, qui a amené le SNES-FSU, la CGT Educ’action et SUD Education à appeler à une nouvelle grève moins d’une semaine plus tard, le 6 février. Mais l’enjeu dépasse largement la seule identité de la personne à la tête du ministère, il s’agit bien de contrer la politique éducative du gouvernement. Celui-ci semble tergiverser sur les groupes de niveaux, par exemple en affaiblissant légèrement le projet d’arrêté, mais l’essentiel demeure encore. Cette mesure doit être abandonnée et, avec elle, l’ensemble du « choc des savoirs » dont la réforme de la voie pro. Dès la reprise, organisons-nous pour réussir la grève féministe du 8 mars puis celle du 19 mars dans la Fonction publique. Comme pour le 1er février, la CGT Éduc’action de l’académie de Versailles appelle à participer aux AG de grévistes, notamment celles du 19 mars pour mettre en débat la reconduction de la grève.

Maxime Pouvreau (CGT Educ 92)

… dans l’Éducation !

À l’image de la mobilisation nationale, la réponse aux attaques a été particulièrement forte dans notre académie. En plus des taux de grévistes importants, le cortège parisien était particulièrement fourni lors de la manifestation du 1er février avec la présence d’établissements massivement en grève. Le dynamisme de la manifestation reflétait la colère des grévistes chauffé·es par les déclarations de la ministre mais également (surtout) par la politique éducative rétrograde de l’omniscient Macron.

Dans les départements de l’académie, il s’agit d’ancrer la mobilisation qui ne s’arrête pas avec le désaveu attendu de la ministre. Un rassemblement a eu lieu le matin du premier février devant la DSDEN 91 pour dénoncer la politique éducative en matière d’inclusion et d’accueil pour les primo-arrivant·es. La mobilisation était également particulièrement forte à la Queue-lez-Yvelines (voir page 6). Des AG avaient aussi lieu dans le 92 (sur le bassin de Nanterre et de Gennevilliers) et le 95 (Argenteuil, Sarcelles, Beaumont et Cergy) pour ancrer le mouvement dans la durée.

Si la mobilisation du 6 février a réuni moins de monde dans la rue, des collèges étaient particulièrement mobilisés contre le choc des savoirs et en particulier les inepties autour des groupes de niveaux. L’arrivée et les discussions autour des DHG dans les établissements rendent concrètes les annonces poli-tiques déconnectées de la réalité des besoins pour les élèves et les personnels.
Localement, et pour maintenir la pression avant les vacances de notre zone, des rassemblements ont eu lieu dans le 92 et le 95 le mercredi 7 février devant leurs DSDEN respectives. Ces appels traduisent le refus des col-lègues, avec leurs organisations syndicales, d’accepter des reculs historiques dans notre secteur.

D’ores et déjà, les échanges intersyndicaux se font sur la base d’une rentrée combative dans notre académie comme ailleurs. Les actions vont se multiplier dans les départements pour mobiliser le plus de collègues. Il s’agit donc de s’organiser à la base en refusant l’application d’une politique éducative rétrograde qui vise à toujours plus d’inégalités entre les élèves. À nous de redonner du sens à nos métiers en l’imposant par la lutte !

Mathieu Moreau,
Co secrétaire académique

Retour en haut