Il existe une nostalgie chez nos gouvernant·es d’une France d’avant qui n’est pas sans inquiéter. D’une part car cela s’appuie sur une vision très conservatrice de la société, d’autre part car cela repose sur une France qui n’a jamais vrai-ment existé ; on a pu le voir avec Macron, son rapport à l’armée et sa nostalgie d’un service militaire qui aurait été un moment de bonheur collectif l’a conduit à imaginer le SNU. On le voit maintenant avec Attal qui se prend à rêver d’une école basée sur la contrainte et où tous les élèves réussissaient mieux. C’est fort de cette image fausse qu’il nous propose son école du 21ème siècle : une école basée sur l’exclusion où on introduit un examen d’entrée au lycée et où on crée des classes de relégations, des « sous seconde » où les élèves attendront de pouvoir entrer vraiment au lycée.
De même, il réinstaure le redoublement, pensant flatter les enseignant·es et partant du fait que l’échec doit être sanctionné plutôt que de trouver des solutions. Il insiste sur cette école de la concurrence par la mise en place de groupes de niveau dont aucune étude sérieuse n’a montré qu’ils permettaient de remédier aux difficultés. Pire encore, c’est un moyen de mettre à part les élèves en difficulté laissant entendre qu’ils gêneraient les autres élèves dans leurs apprentissages. C’est le collège unique qui est remis en cause !Bref, on a l’impression qu’Attal a trop regardé La cage aux rossignols ou autres films sur la condition scolaire d’il y a plus de 70 ans. Il oublie que des centaines de milliers de jeunes étaient alors exclus de l’école et que le sens de l’histoire est d’élever le niveau général et pas de conserver celui de certain·es.
Les images d’Épinal ça suffit ! Le retour à l’encrier, la leçon de morale, la connaissance exhaustive des sous-préfectures et des affluents de la Loire, ce n’est pas l’école que nous voulons, ni celle dont les élèves ont besoin dans ce monde toujours plus complexe. Non, nous ne pensons pas que les élèves sont prédestinés : l’école doit accompagner des enfants et des adolescent·es qui sont en construction. Nous pensons que les groupes sont une bonne chose quand ils permettent de travailler en effectif réduit pas en groupe de niveau mais cela le ministère le refuse depuis des années !
Il ne suffit pas de flatter les profs par des déclarations à l’emporte-pièce, il s’agit aussi d’écouter les revendications des personnels et de leurs organisations syndicales. Nous ne voulons pas d’une école caserne mais d’une école qui émancipe et où tous les élèves peuvent réussir ! Et pour celles et ceux qui rêvent d’une école d’avant où l’ordre et l’autorité régnait, la fin de Zéro de conduite de Jean Vigo ne devrait pas les rassurer !
Samuel Serre
Co-secrétaire académique Versailles