Déclaration de la CGT Éduc au CSA académique du 27 mars 2023
Malgré l’union des organisations syndicales qui depuis le 19 janvier appellent à lutter pour le retrait du projet de loi sur la réforme des retraites et les millions de manifestants qui, depuis des mois, font grève et manifestent dans le calme et la dignité, le président de la République a confirmé, ce mercredi 22 mars, le maintien de la loi sur le passage à 64 ans et les 43 années de cotisation et ce alors même que la motion de censure déposée à l’Assemblée nationale a été rejetée à seulement 9 voix près.
Son gouvernement n’a ni majorité parlementaire ni majorité populaire
Le président dit « écouter la colère » des Français après l’adoption contestée du texte aux forceps, tout en affirmant que « la foule » n’a pas de « légitimité » face aux élus de la République.
Pis encore, il met sur le même plan les tentatives d’insurrections qui ont eu lieu aux États-Unis et plus récemment au Brésil, et les compare au formidable élan populaire initié à travers tout le pays depuis janvier pour lutter contre cette réforme profondément injuste pour des millions de travailleurs.
Il tente de minimiser la crise sociale et politique actuelle dans le pays en réduisant notre contestation à une simple incompréhension.
C’est une marée humaine qui a déferlé dans les rues sur tout le territoire. 3,5 millions de manifestant∙es, c’est la réponse cinglante d’un peuple contre un 49.3 et les propos d’un président qui s’isole chaque jour davantage.
Par des arrêts de travail qui se multiplient, par des grèves reconductibles qui se massifient, par la jeunesse qui se mobilise dans les lycées, dans les universités, le peuple a envoyé un message fort au président et son gouvernement : cette réforme, il n’en veut pas !
Face à cela, Emmanuel Macron souffre de toute évidence de cécité ou de surdité et sa prise de parole où alternaient mépris et fermeté, n’a fait qu’amplifier la colère.
Les personnels de l’Éducation ont répondu présents sur cette journée : de nombreuses écoles fermées, des établissements scolaires et des services avec des taux de grévistes élevés… Les personnels de notre secteur n’ont guère apprécié le ton péremptoire du président lors de sa prise de parole s’agissant également de l’Éducation. Sur les lycées professionnels, le président persiste dans sa volonté de réforme alors que toutes les organisations syndicales l’ont dénoncée et contre laquelle les collègues se sont massivement mobilisé∙es cet automne. Quant aux remplacements immédiats, c’est une véritable provocation : souhaiter « qu’à la rentrée prochaine, on puisse remplacer du jour au lendemain les profs [absents] dans les classes » c’est, pour la CGT Éduc’action vouloir imposer le Pacte à marche forcée, Pacte que l’intersyndicale a fortement dénoncé dans ses communiqués.
Les jeunes, étudiant∙es et lycéen∙es sont venu∙es grossir massivement les cortèges avec son lot de légèreté, de gaieté mais aussi de détermination. La jeunesse est consciente des enjeux de cette lutte contre la réforme.
La répression policière a été forte à Paris, comme sur tout le territoire et s’est encore intensifiée avec des gazages, charges policières, interpellations et des mises en garde à vue.
Une collègue AESH, à Rouen, a même eu un doigt arraché du fait du jet d’une grenade lacrymogène. La CGT Éduc’action apporte tout son soutien à cette collègue et ne peut accepter cette répression policière.
Le gouvernement est fébrile, sa réponse par la répression en est la preuve.
À nous de rester uni·es et déterminé∙es dans cette bataille. Faire reculer ce gouvernement, sans base sociale et politique, est à portée de main car la force du collectif est là. Plus que jamais, il faut généraliser la grève dans tous les secteurs. La CGT Éduc’action appelle l’ensemble des personnels à participer aux mobilisations intersyndicales de ce week-end, à cesser le travail et à se réunir en assemblées générales dès maintenant et à décider de la grève reconductible.
Elle appelle à faire de la prochaine date interprofessionnelle de grève et de manifestation du 28 une réussite. Enfin, la CGT Éduc’action appelle les personnels à soutenir les mobilisations lycéennes et à refuser toute répression policière contre celles-ci.
Pour ce qui concerne notre CSA A, nous allons étudier le règlement intérieur de notre instance. Celui- ci est une déclinaison du national. Plus globalement et en lien avec les mobilisations, c’est la traduction de la loi de transformation de la fonction publique qui porte en elle la réduction du rôle des CAPA et donc un affaiblissement du rôle des organisations syndicales au sein de notre administration comme dans le reste de la fonction publique. Il n’est pas anodin de mettre en évidence que ce sont aussi les atteintes à une certaine forme du dialogue social qui sont combattues dans la rue. Le mépris envers les organisations syndicales n’est pas seulement dans la forme du gouvernement mais aussi dans les réformes de fond. Crise de confiance dans les institutions qui se traduit par la crise de crédibilité de notre administration qui n’est plus en mesure de permettre la transparence dans la gestion des carrières. Réduire les services publics, c’est permettre l’arrivée au pouvoir des forces réactionnaires. Il suffit pour cela de jeter un œil dans les pays autour de nous ou plus lointain. Il ne s’agit pas d’une politique isolée en France mais les conséquences des choix libéraux qui sous le prétexte de l’efficacité créent les conditions à un affaiblissement de la démocratie. Notre administration ne fait pas exception en la matière. Plus prosaïquement, et nous aurons l’occasion d’y revenir lors du point consacré, le règlement intérieur ne fixe pas de limite aux réunions faisant fi de la vie personnelle des élu.e.s et des personnels de l’administration. Il nous semble impératif que des minima et des maxima horaires (9 h 30 pour le début, maximum 17 heures) soient fixés pour permettre la coexistence de la vie professionnelle et personnelle. Cela rentre aussi dans le cadre du bien-être au travail qui est au cœur des préoccupations affichées par notre rectorat.
Pour ce qui est des postes, nous dénonçons l’absence de rattrapage. Il s’agit toujours de redéploiement avec une enveloppe constante. Les différents barèmes sont soit utilisés comme un moyen incontournable pour permettre les ajustements entre les établissements soit comme une aide à la décision. Explicitons notre propos par un exemple : Sur l’évolution des postes d’infirmier-es, 4 mesures dans le 92, 4 suppressions. Dans les deux collèges JBC et Pasteur c’est incompréhensible : ils étaient déjà en dessous de la dotation théorique mais on supprime quand même un demi-poste. On retrouve la même chose au collège Louis Aragon de Montigny les Cormeilles. Pour les deux lycées on décide de créer un poste lié sur les deux lycées qui perdent un demi-poste. Ça signifie qu’il n’y aura plus qu’un-e infirmier-e sur deux lycées au lieu de deux auparavant, donc charge de travail multiplié par deux, sans compter les conséquences du partage du poste.
Pour ce qui est des BOP, on constate une hausse de la part indemnitaire. A nouveau, dans la logique de la transformation de notre service public, c’est un point majeur. Il ne s’agit pas de rémunérer le travail mais bien de créer une division entre les personnels pour mettre à mal les collectifs de travail. Se calquer sur ce qui dysfonctionne dans le privé n’est pas une bonne solution. Il est compréhensible que les technocrates venant faire leurs classes dans la fonction publique avant des métiers plus rémunérateurs appliquent les méthodes qu’ils ou elles connaissent. C’est à l’image de la start-up nation : utiliser les idées anciennes du capitalisme en utilisant des concepts anglais pour rendre tout cela moderne. Nous sommes plus dans une réinterprétation de 1984 de G. Orwell que dans une vision émancipatrice de la société. Cela a ses limites ! La Macronie et ses relais sont en train de le découvrir actuellement !