Édito

Nous traversons depuis plusieurs années des crises multiples qui affectent notre mode de vie. Ces crises sont l’objet d’une exploitation insupportable. C’est désormais la peur qui devrait guider nos choix : peur du réchauffement climatique, du déclassement, de la faillite, des migrant·es, de la guerre. Ce discours martelé dans les médias s’accompagne de concessions toujours plus grandes en direction des forces réactionnaires. Il est beaucoup plus facile de tenir n’importe quel discours xénophobe sur un plateau télé que de défendre des causes progressistes. Le repli identitaire apparaît comme un nouvel humanisme et la modernité se définit par le regret d’un passé idéalisé.

Dans cette optique, l’École est centrale pour notre société. Elle est le reflet des enjeux qui traversent notre pays mais pas seulement. Elle est le réceptacle des tensions qui agitent l’actualité.

Cette rentrée scolaire est endeuillée dans notre académie par un nouveau suicide d’adolescent.

Ce drame que nous déplorons vient briser la vie d’une famille et s’enracine, d’après les éléments dont nous avons eu connaissance, dans une situation de harcèlement scolaire.

Si le courrier adressé à la famille par le service des affaires juridiques est d’une froideur que nous dénonçons, il est surtout révélateur de la déshumanisation de notre institution.

Pour que de telles situations ne se reproduisent plus, il nous semble impératif que l’ensemble des postes d’AED, de CPE, d’infirmier·ères et de PsyEN encore vacants sur l’académie soient pourvus et que l’ensemble des personnels, y compris administratifs, soit correctement formés. Il est urgent de remettre de l’humain dans notre système scolaire !

Voilà bien le nœud central de la situation actuelle. L’École est un enjeu pour notre société donc tout le monde souhaite donner son avis. Il est extraordinaire de constater que du commentateur⋅trice journalistique au politique le plus influent comme notre président pour ne pas le nommer, chacun.e a un avis sur la manière dont doit fonctionner nos métiers. Il serait grand temps d’écouter la parole des professionnels, ç’est à dire celle des personnels de l’éducation nationale. Il y a une véritable usure de la part de ces personnels qui est multiple.. Mais, une partie de cette fatigue repose sur la dépossession systématique de ce qui est notre métier. Les dernières sorties de notre ministre en sont une nouvelle illustration. Au-delà de la polémique sur les outils à utiliser et leur pertinence, il faut interroger le sens de nos métiers. Quel est le rôle de l’école aujourd’hui ? Former des travailleurs⋅euses dans une vision utilitariste comme le veut la nouvelle réforme de la voie pro ? Renforcer le tri social avec la réforme du lycée ? Préparer les esprits à la guerre en rendant obligatoire le SNU ? Évaluer toujours plus dans le premier degré pour accélérer l’orientation des élèves ? Introduire l’entreprise au collège sans poser la question des savoirs communs dont nous avons besoin ?

Notre organisation, la CGT Éduc’action Versailles, ne se borne pas à revendiquer des moyens supplémentaires, c’est un critère essentiel mais ce n’est pas le seul. Il est pour nous impératif de penser en tant que syndicat à l’École émancipatrice que nous voulons pour les élèves et pour les personnels. Celle-ci doit permettre de ne laisser personne sur le bord de la route. Cela passe par les moyens nécessaires, les conditions matérielles mais aussi faire confiance aux personnels qui sont avec les élèves.

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