Édito : la rage ne nous quittera pas !

Faisons un rapide retour en arrière. Nous sommes en 2017. Un candidat issu d’un gouvernement socialiste coiffe tous les autres sur une ligne qui se veut transpartisane, disruptive pour reprendre un terme en vogue lors de la campagne. Même chez une partie des enseignant·e·s (peu chez les syndiqué·e·s CGT Éduc’action), le discours fonctionne et laisse entrevoir un nouveau mode de gouvernement, une nouvelle méthode. Nouveau petit saut dans le temps, nous sommes en 2022 en pleine guerre d’Ukraine, à la fin de la crise du COVID lors de laquelle il a mené une politique du « quoi qu’il en coûte » principalement en direction des entreprises, Macron se fait réélire par une faible partie de l’électorat sur la base d’un front républicain et de la promesse d’une nouvelle manière de diriger moins descendante. Nous sommes désormais en 2023. Malgré une opposition d’une ampleur historique, son gouvernement impose une contre-réforme des retraites qui se caractérise par un recul de l’âge du départ en retraite de deux ans et une accélération de la réforme Touraine augmentant à 43 annuités de cotisations la carrière de chaque travailleur⋅euse. Aucun argument sérieux ne vient justifier une telle attaque qui s’inscrit dans une logique de disparition des conquis sociaux du travail sur le capital. Les entreprises bénéficient toujours plus des cadeaux d’un pouvoir qui ne voit comme seule voie à suivre que la progression du taux de profit.

Dans l’éducation, après une première réforme sous l’ère Blanquer, le lycée professionnel est à nouveau attaqué pour mettre toujours plus la formation professionnelle au service des entreprises. Les horaires sont rognés notamment en terminale. Il ne s’agit plus de former des élèves mais bien de mettre au service du capital des travailleurs⋅euses pour un moindre coût. La carte des formations doit seulement répondre aux besoins de l’économie, des besoins qui se caractérisent par des emplois peu qualifiés. L’apprentissage est défini, sans aucune analyse critique, comme la seule voie d’excellence. Dans le même temps, le renforcement du SNU traduit une militarisation de la société dans laquelle les discours martiaux sont de plus en plus présents. On prépare les esprits à la guerre et les dépenses militaires explosent dans le but de remplir les caisses des marchands d’armes. Il suffit pour cela de mettre en relation la loi de programmation (plus de 400 milliards sur plusieurs années) contre les 12 milliards annuels d’économies escomptées avec la réforme des retraites. Il ne s’agit ici que d’une comparaison car nous gardons bien à l’esprit que la retraite c’est de la cotisation, donc du salaire socialisé.

Le salaire parlons-en ! Plutôt qu’augmenter les salaires (et donc les revenus pour les retraites) par une augmentation du point d’indice, le gouvernement fait le choix de la prime et de la mise en place du pacte. Il s’agit de créer toujours plus de hiérarchies intermédiaires pour faire exploser les collectifs de travail et pour répondre à la dégringolade de la rémunération des enseignant·e·s alors même que plus de 1000 postes seront à pourvoir à la rentrée. Que dire du silence sur la rémunération des autres personnels de notre ministère ?

La rage qui nous a animé pendant l’hiver ne nous a pas quitté au printemps. La CGT Éduc’action appelle à réussir la grève le 30 mai contre la destruction des lycées professionnels et poursuivre la lutte le 6 juin contre la réforme des retraites et pour une école émancipatrice. Une autre voie est possible ! Nous continuerons à la défendre.

Mathieu Moreau
Co-secrétaire académique

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