La première ministre a dévoilé son projet de loi sur les retraites. Il n’y a pas de surprise ou si peu. Il s’agit de reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ans tout en accélérant l’allongement de la durée de cotisation. Les arguments sont simples voire simplistes. Il s’agit de sauver un système qui n’est pas en danger et de s’aligner sur les modèles européens choisis. L’impératif de justice est revenu systématiquement dans la bouche du gouvernement paraphrasant tragiquement la logique de 1984. Comment peut-on parler de justice alors que cette contre-réforme va peser sur la plus grande partie du monde du travail ? Quels sont les efforts exigés ou imposés au capital ?
Il n’y avait pas de totem sauf celui d’augmenter les cotisations patronales. C’est évident : il s’agit de ne pas toucher au taux de profit. Juste et progressiste, c’est ainsi que le gouvernement définit sa réforme. Il est révélateur de notre époque de constater que les réformes, les transformations ne vont jamais dans le sens de l’amélioration des conditions de travail et plus globalement de la vie des travailleuses et travailleurs. La réduction du temps de travail, de la durée d’une carrière n’est plus envisagée alors que c’est pourtant le sens de l’histoire. Aller vers une plus grande répartition des richesses, du travail pour permettre à chacun⋅e un épanouissement personnel. Ces concepts sont balayés par la simple volonté d’un capital toujours plus gourmand alors même que les bouleversements géopolitiques, sociologiques et climatiques remettent en cause le concept même d’une croissance infinie. Il est donc plus simple d’imposer à ceux qui créent la richesse d’augmenter la durée de leur carrière.
Simple n’est peut être pas le bon adjectif car la réponse syndicale est à la hauteur de l’attaque. Pour la première fois depuis 2011, une intersyndicale unitaire appellent à la grève pour le 19 janvier prochain. Il s’agit d’une première date dans un calendrier qui risque de s’accélérer. Plutôt qu’écouter l’immense majorité de la population, le président Macron fait le choix d’ouvrir une nouvelle crise alors que nous sommes dans une situation inflationniste qui met à mal les plus précaires dont le nombre tend à augmenter rapidement. Il aura alors beau jeu dans les prochaines semaines avec son gouvernement de jeter l’opprobre sur les mouvements sociaux qui s’organisent dans le pays. Il est à noter que ces mouvements ne sont pas seulement des mobilisations décisives mais posent bien la question même du fonctionnement économique et démocratique de notre pays.