Retour sur la carte des formations

Le 7 décembre, la CGT Éduc’action a participé au groupe de travail du rectorat sur la carte des formations. Cette réunion sur la carte des formations a pour sujet principal l’ouverture et la fermeture des formations professionnelles et technologiques dans l’académie. Cela influence évidemment l’organisation des établissements et par conséquent leurs moyens de fonctionnement. Dans cette article, nous évoquerons les grandes évolutions pour la rentrée prochaine.

À partir des documents de ce GT, à la rentrée 2022, le solde des créations/suppressions en lycée professionnel dans les classes d’entrants sera de moins 196 places ( – 158 en 2nde Bac Pro et – 38 en CAP). Des suppressions de places dont les conséquences se feront sentir sur plusieurs années…

Rendre attractive la voie pro ?

Depuis de nombreuses années, nous portons la revendication d’une politique académique de promotion de la voie professionnelle sous statut scolaire. À l’heure actuelle, il y a une forte promotion institutionnelle de l’apprentissage et les équipes seules se déplacent dans les collèges pour présenter les formations et  promouvoir la voie scolaire. Cela passe par une véritable politique de communication et de valorisation de la formation sous statut scolaire Cela demande une professionnalisation de la communication et une prise en charge institutionnelle.

Sortir des familles de métiers !

Dans les facteurs qui pénalisent la voie pro scolaire, les familles de métier. L’objectif annoncé de ces regroupements en 2nde des spécialités de Bac pro était d’organiser « un parcours plus progressif et plus lisible ». En réalité, ces familles de métiers dégradent l’orientation des élèves. Pour les familles, cela s’ajoute aux intitulés des Bac Pro et complexifie l’offre.
L’orientation est moins lisible. En fin de seconde, leur choix est très contraint par la carte des formations de l’établissement. Ensuite, les élèves restent dans le lycée où ils·elles ont commencé leur formation et bien souvent dans la section où ils·elles ont été fléché·es dès leur entrée en seconde. Très peu de lycées en France disposent de toutes les sections relatives à une famille de métiers. Les changements ne se font donc qu’à la marge !

Nos élèves arrivent en LP souvent avec une orientation par défaut, les familles de métiers ajoutent une nouvelle sélection et une nouvelle étape d’orientation subie ; De plus, avec ce dispositif, on constate aussi une aggravation de l’orientation genrée. Par exemple, dans « Métiers de la beauté et du bien-être », le couplage des bacs Pro Esthétique et Métiers de la coiffure diminue encore la mixité. Même problématique en famille des métier « transition numérique et énergétique », où le SEN était plus mixte.

Par ailleurs, cette nouvelle réduction du temps de formation professionnelle, qui risque de dégrader l’insertion professionnelle, ne s’applique que pour les élèves de la voie scolaire. Les familles de métiers ne sont pas obligatoires dans les formations en apprentissage. C’est un avantage supplémentaire en faveur de l’apprentissage.

Pour une meilleure orientation, il faudrait redonner des moyens aux CIO et aux PsyEN dont c’est le métier d’informer les élèves et les familles !

Plan social en tertiaire

En AGORA (ex-GA), après 2 année de ralentissement les suppressions s’accélèrent à nouveau. Il va y avoir 227 places de moins en 2nde GA : où iront les filles qui sont majoritaires dans cette filière ? Quels avantages pour les élèves de passer de GA vers Accueil dont on constate ponctuellement l’ouverture en « compensation » de la fermeture de GA Transport Logistique ? Par exemple, à la rentrée 2022, à Ris-Orangis, la dernière classe de Gestion-Administration (GA) qui fait pourtant le plein chaque année sera supprimée. Le choix semble s’être porté sur ce lycée car les collègues investis sur la formation ont le tort d’être précaires… La voie professionnelle reste très genrée. Où iront les élèves qui y étaient accueillies ? Certainement pas dans les classes d’électricité ou de climatisation du lycée !

Dans le tertiaire, la solution passe par une amélioration des possibilités de poursuites d’études.

Pour le moment, les classes dites « passerelles » stockent des élèves sans solutions dans ParcourSup. Le rectorat annonce faire évoluer les classes passerelles « BTS service », en le respécialisant et en introduisant des éléments du programme de 1er année de BTS. Cette très légère inflexion va dans le bon sens, mais pour limiter le décrochage et permettre la réussite des élèves de la voie pro en BTS, la CGT revendique de vraies classe BTS passerelles, avec une 1ere année d’adaptation.

À la CGT, nous voulons permettre une réelle diversité des parcours dans la voie scolaire.

Il faut développer des passerelles du CAP vers la 1ère Bac Pro; de la 2nde GT vers la 1ère Bac Pro. Des places peuvent être réservées mais au-delà de la possibilité d’intégrer une classe, il s’agit de faciliter le rattrapage du niveau requis. Des moyens spécifiques doivent être fléchés en termes d’heures pour permettre le travail en groupe en particulier dans les disciplines générales. Toujours pour permettre des parcours diversifiés, la demande d’implantation de Bac pro en ÉRÉA, avec des effectifs adaptés, comme la demande d’un Bac Pro Systèmes Numériques portée par l’ÉRÉA de Garches va dans le bon sens.

Nous regardons avec intérêt la prise en compte de nouveaux métier, liés à la transition énergétique, notamment la FCIL « Cycles » dont nous espérons qu’elle pourra devenir un CAP, avec un nouveau diplôme.

Au-delà de la carte des formations, il y a une nécessité d’une politique qui combatte les inégalités ! La concentration des difficultés sociales et scolaires dans la voie professionnelle des lycées est manifeste. Pour lutter réellement contre le décrochage scolaire et améliorer les climats d’établissements, il faut répondre rapidement aux revendications suivantes : reconnaissance de cette difficulté sociale par une réintégration des lycées dans une carte élargie de l’Éducation Prioritaire ; renforcement des équipes médico-sociales, création de postes de CPE ; maintien de lycées à taille humaine ; réduction des effectifs : 20 élèves par classe en Bac Pro et 12 en CAP ; des moyens pour dédoubler. C’est tout l’enjeu de la revendication d’un plan d’urgence pour l’éducation et la voie pro.

Dans la voie technologique, il s’agit de « contenir » l’orientation en STMG. Des ajustements très importants ont été effectués l’année passée mettant à mal l’organisation des équipes. Des inquiétudes pèsent sur le devenir des filières STI2D. La question n’est pas nouvelle. Elle ne peut se traiter que sous la forme d’une réflexion globale de ce qu’est le lycée et les différentes voies qui la composent.

Toutes ces évolutions ne répondent pas aux enjeux de la période . La CGT Éduc’action continue de porter des revendications pour permettre une réelle émancipation des élèves.

Yannick Biliec
Secrétaire départemental 91

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