Contre la casse du lycée pro

contre la casse du lycée pro

Jeudi 4 mai, Macron a annoncé sa ré-forme de la voie pro. Ignorant la mobilisation unitaire historique des personnels cet automne, le Président maintient les attaques. Au prétexte que 13 % des élèves sont décrocheurs en lycée professionnel (30 % de taux de rupture pour l’apprentissage) et que l’insertion professionnelle y serait insuffisante, le président mène une charge injuste contre la voie professionnelle sous statut scolaire.

La réforme Macron a bien pour seule boussole l’employabilité immédiate, au détriment des poursuites d’études et de l’émancipation des jeunes.

Le Président met en avant la gratification des PFMP (Périodes de Formation en Milieu Professionnel). Les montants modiques qui varieront, entre 1,4 € et 2,8 € de l’heure, ne seront pas financés par les entreprises mais par de l’argent public. Dans le plan de com’, la gratification des stages, permet de masquer le fait qu’il n’y a rien sur la question de la concentration des difficultés sociales et scolaires dans la voie pro ! Rien sur la revalorisation des bourses, rien sur une réintégration des lycées dans une carte élargie de l’éducation prioritaire et pas de plan massif de constructions de places d’internats !

Rien non plus sur la dangerosité de l’entreprise comme lieu de formation pour des mineur·es (accidents de travail, violences sexistes et sexuelles…), sujets sur lesquels la ministre Carole Grandjean a été régulièrement interpellée.

Le Président prétend œuvrer dans l’intérêt de la jeunesse, mais les occurrences de mots dans le dossier de presse de présentation de la réforme par le Ministère sont édifiantes : emploi (x47), entreprise (x44), insertion (x22), égalité des chances (x3), culture (x1). La réforme Macron a bien pour seule boussole l’employabilité immédiate, au détriment des poursuites d’études et de l’émancipation des jeunes.

Haro sur la carte des formations !

Dans cette logique, il a notamment annoncé sa volonté d’adapter « beaucoup plus la carte des formations », avec un pilotage reposant principalement sur les taux d’insertions dans l’emploi. Il prenait notamment pour cible les Bac Pro Métier de l’Accueil. À l’époque du ministère Blanquer, il y avait déjà eu un plan de fermeture des formations de Gestion-Administration, qui s’était accompagné d’ouverture de formations (et donc de reconversions !) dans les métiers de l’Accueil, ciblées à leur tour. Sur France Info, le Ministre Pap Ndiaye confirmait ce pilotage uniquement par l’emploi et cette volonté d’attaquer particulièrement les filières tertiaires. C’est donc par la presse que les personnels sont tenus informés d’évolutions importantes dans leur métier. Les Ministres changent, mais les méthodes ne changent malheureusement pas. Le ministre précisait également que les enseignant·es des filières supprimées pouvaient « se diriger vers le professorat des écoles ou les collèges ». Cette vision des personnels comme transposables d’un métier à l’autre a été perçue comme un mépris de leurs vocations et de leurs formations.

Cette gestion de la carte des formations produira encore plus d’orientations subies pour les élèves ! De plus, certaines formations identifiées comme à développer par le ministère car correspondant à des métiers en « tension », comme les services à la personne, peinent à recruter en raison des conditions de travail et de salaires indécentes. L’expérimentation « AvenirPro » en partenariat avec France Travail sera généralisée. Installer l’ancien Pôle-Emploi directement dans les lycées, voilà le projet présidentiel pour la jeunesse !

Une année de terminale décousue

Pour les élèves c’est une nouvelle baisse de temps de formation ! L’objectif n’est donc pas l’insertion tant vantée, mais bien de fournir une main-d’œuvre bon marché aux entreprises !

Dès 2024, l’année de terminale sera réorganisée : des épreuves anticipées d’examen en mars/avril ; avec en-suite un allongement de 50 % des PFMP pour les élèves qui suivront le module « insertion professionnelle » ou des semaines de préparation au BTS pour les autres. Pour les élèves c’est une nouvelle baisse de temps de formation ! L’objectif n’est donc pas l’insertion tant vantée, mais bien de fournir une main-d’œuvre bon marché aux entreprises ! Pour les personnels, cette désorganisation de l’année de terminale entraîne une menace sur les obligations de service, qui guide la logique du « pacte » !

Le Pacte « spécial LP », bras armé de la réforme

Présenté comme une revalorisation, le Pacte est en réa-lité le bras armé de cette réforme. Par exemple, l’enseignement des « savoirs fondamentaux » (uniquement Français et Maths) en 2nde Bac Pro en groupes réduits ou les options (codage, entreprenariat, LV2, philosophie…) seraient rémunérés via le « Pacte », mais au prix d’une baisse de DGH, et donc in fine d’une dégradation des conditions de travail et d’études ! Le « pacte » ne sera pas divisible, les missions supplémentaires rémunérées (par exemple, présenter les formations du LP dans les collèges) ne le seront qu’en acceptant plusieurs missions et impérativement le remplacement de courte du-rée. C’est donc bien, une revalorisation en trompe-l’œil. Pas de rattrapage des pertes de pouvoir d’achat, mais une individualisation de la rémunération avec une mise en concurrence entre collègues, des inégalités Femmes/Hommes renforcées, et surtout une explosion du temps de travail et des ORS (Obligations Réglementaires de Service), avec une menace claire d’annualisation !

Le fond idéologique est toujours le même : l’entreprise ferait mieux que l’École pour former et insérer. L’objectif d’émancipation de la jeunesse passe loin derrière celui de mise à disposition d’une main-d’œuvre bon marché. L’installation d’un « Bureau des entreprises » dans chaque lycée en est le symbole !

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